vendredi 13 avril 2012

La question suave du jour : et si on faisait un diorama ?


La question ne s'est pas posée lors du long weekend pascal dernier, trop affairés que nous étions à cacher des oeufs ou grignoter de la friture. Seulement voilà : comme chaque année à la même époque, les jours s'allongent, les ponts se multiplient. Il va donc falloir songer à s'occuper suavement. "Ai-je raison de me mettre au slovène ?", "L'aquazen est-il vraiment relaxant ?", "Ne suis-je pas trop âgée pour commencer le trapèze ?" Tout cela est très perturbant.

Depuis sa création, Soyons-Suave vous a maintes fois montré la voie de charmantes activités auxquelles on ne pense pas toujours. Suivez d'ailleurs pour les retrouver toutes d'un seul coup le tag "Que faire" dans notre menu. Et conscients qu'on ne peut éternellement faire des sleevefaces, du tricot ou sculpter des légumes sans se lasser, nous arrivons aujourd'hui, fiers d'une nouvelle suggestion : le diorama !

Pour les éventuels visiteurs qui penseraient qu'il s'agit d'une manifestation visant à dénoncer les propos antisémites de John Galliano, un diorama est en fait la reproduction en volume d'une scène permettant d'admirer un individu, un animal ou un fait historique dans son environnement naturel. C'est donc une maquette s'exclament nos lecteurs modélistes ! Pas exactement, comme le montre la démonstration qui suit :

Une maquette... bon.

Une maquette dans une bouteille... ah tiens !

Un diorama ! Ah !!!

Sur le dernier cliché, le navire est toujours dans une bouteille mais il semble voguer sur des flots déchaînés (observez l'écume !), peut-être en plâtre, sans doute en résine. C'est un diorama. L'objet a été représenté dans son élément naturel : la mer, et non la bouteille, ce qui ne serait guère pratique et surtout très encombrant.

Le diorama a ceci d'amusant qu'on l'a côtoyé sans le savoir et que son origine se perd dans la nuit des temps. Evidemment, comme beaucoup de choses d'ailleurs, il prendra son envol au XIXème siècle avec l’essor des sciences et s'installera dans les musées d'histoire naturelle dont il deviendra la star mais on pense légitimement qu'il apparut pour la première fois sous sa forme moderne au XVème siècle à travers ce qui reste encore aujourd'hui sa forme la plus répandue : la crèche.



Qu'elles soient provençale ou napolitaine, ou d'une origine indéterminée, la crèche, avec sa paille, son étable, son âne, son boeuf et son couffin est un diorama, ce à quoi vous repenserez en décembre prochain alors que vous tenterez de distinguer Melchior de Balthazar. Ou est-ce Gaspar ?

Nous l'évoquions, l'âge d'or du diorama païen débuta néanmoins et incontestablement à partir de 1850 lorsqu'on prit conscience que les transports, encore embryonnaires, ne permettaient pas au commun des mortels d'admirer les merveilles que la Terre a à nous offrir. On se mit donc à explorer d'exotiques contrées, à en rapporter des animaux morts dont il fallut bien faire quelque chose. Une branche, une feuille et un trompe-l'oeil suffirent pour donner l'impression qu'on était en Afrique, ou au néolithique, parfois même les deux.




Le diorama reste cependant un exercice sérieux dans la mesure où il tend à une certaine véracité, dans la reproduction de la réalité ou de l'esprit. Il est par exemple envisageable de faire une crèche en Playmobils, à condition de respecter l'atmosphère générale de Bethléem. Un tribunal où un loup amateur de pipe juge un blaireau, accablé par un renard, par contre, n'a aucun sens.

Une fois cette histoire de respect réglée, le diorama est particulièrement flexible et permet en gros tous les délires imaginatifs possibles et surtout à toutes les échelles. Il peut ainsi recréer un supermarché des années 50 tout comme la bataille de Leningrad, la réparation du Faucon Millenium ou l'amour méconnu des habitants de l'ancienne RDA pour le nudisme, à l'image de cette plage qu'on croirait située dans les Landes du Musée de l'Est à Berlin.





Parfait pour les musées, les cabinets d'architecte ou la France Miniature, le diorama intéresse également les artistes qui y voient sans doute une façon économique, peu encombrante et ludique de démontrer leurs talents. Valentine Fournier par exemple fait des boites, tandis que Kendal Murray investit des théières ou des porte-monnaie, certains de ses dioramas faisant à peine plus de 5 cm sur 6.




Nous ne connaissons pas le nom de l'auteur de cette table-basse "Bataille d'Austerlitz" et c'est dommage : c'est une réussite autour de laquelle il doit être bien agréable de déguster une Suze bien fraîche.

Habitués à nos longs préambules, vous voyez sans doute arriver le moment où nous allons pleinement vous démontrer que le diorama est une activité pour vous et qu'il s'agit surtout d'une activité absolument suave. Nous insistons toujours sur la nécessité de choisir un passe-temps ne demandant ni gros investissement financier, ni tour de main particulier. Le diorama répond à ces deux critères impératifs. Vous disposez par exemple de 2 Ken, vous avez en plus le cabriolet de Barbie ? Vous venez de créer un diorama "gay pride". En moins d'une minute.


Voici donc quelques exemples de dioramas totalement amateurs qui vont vous démontrer qu'avec presque rien, vous pouvez reconstituer une page de l'histoire contemporaine, avouer votre amour pour "Downton Abbey", enfin trouver une utilité à votre R21 Majorette et conjuguer votre amour tout neuf de cette activité avec celui, plus ancien, du tricot et des confitures.

Et parfois dans une boite d'allumettes.







Nous nous devions de vous prouver par nous-mêmes que faire un diorama est excitant et peut ne prendre que quelques minutes, à condition de ne pas tout de suite s'attaquer à la bataille de Poitiers.

Il ne nous a fallu qu'une poignée de secondes pour créer, pour vous, ce diorama qui, proportions mises à part, reflète assez bien l'ambiance de nos conseils de rédaction. Le caniche est une bougie et s'appelle Fifi. Oui, lui aussi est très suave.

4 commentaires:

Jérôme (moins anonyme) a dit…

Le sens de la synthèse, le style, le plan parfait (reste de vos études?) n'ont d'égales que le choix de l'iconographie! Du vrai journalisme d'investigation... un régal!

Je me permets - évidemment - quelques remarques:
- vous devez travailler encore le sens des proportions dans vos futurs dioramas ;
- la RDA pouvait effectivement être considérée comme LA patrie du naturisme ;
- outre la table basse, le saladier "mare au canard" est aussi très suave (et parfaitement assorti au souvenir de Lourdes...).

soyons-suave a dit…

Et vous ne dîtes rien de la vitrine en arrière plan de la table basse...
Merci Jérôme, nous avons donc la moyenne ? :)
Quant à la RDA c'est une découverte.

Jérôme (moins anonyme) a dit…

9 1/2

soyons-suave a dit…

Prions pour que ce ne soit pas sur 20...